Respire mon amour, je suis là.

J’ai été le compagnon aimé, aimant, aidé, aidant, de la femme qui a choisi de partager ma vie.

A moi le collègue handicapé un peu bancal qu’a-t-elle bien pu me trouver, cela ne s’explique pas.

Nous avons ensemble conçu, aimé, protégé, élevé, accompagné de notre mieux nos trois garçons.

Nous avons fait face ensemble à la maladie de notre plus jeune, ce cancer, cette épreuve si injuste.

Elle, sa présence, son regard amoureux et sa force ont été mon équilibre et ma force. Notre relation, notre complicité, notre projet de vie construit ensemble reste aujourd’hui encore l’ossature de ma vie d’homme.

Une histoire de vie, d’amour, une famille en rien exceptionnelle.

L’apparition de sa maladie, son mal être, je n’ai rien vu, moi qui lui disais si facilement je t’aime.

Être là, participer à sa prise de conscience de la maladie. L’accompagner vers et dans la démarche de soin. La soutenir dans son combat contre la maladie, lui faire savoir notre présence, y compris quand sa maladie et la nécessité des soins nous tenaient à distance.

Être là, et faire face aux rechutes, aux échecs thérapeutiques, aux ruptures de parcours et à l’aggravation de son état.

Être là, dans la solitude, l’incompréhension et le silence, en totale insécurité face à son comportement, face à ses pulsions suicidaires.

Être là, seul à son coté dans le risque vital à veiller à sa respiration en attendant les secours.

Être là, au pire de sa détresse à lui tenir la main, impuissant à la soulager, en souffrance de la voir si vulnérable, détruite par la maladie.

Être là, toujours quand sa main cherchait la mienne.

Avoir été là, de mon mieux aidant, je le sais, je le revendique, malgré tous les silences et les non-dits qui nous laissent nous les proches en proie aux soupçons et aux doutes.

Vouloir affirmer ma présence, la force de notre relation et le rôle incontournable de l’entourage présent dans ces parcours de vie de santé et de soins.

Être là, reconnus Aidants et accompagnés aux côtés de nos proches malades est un droit pour notre Santé Mentale et celle de nos enfants.